Vers Beg Salus de nuit
Du 17 juillet au 24 août, c’est la période idéale pour observer les étoiles. C’est une activité dont je ne me lasse pas. D’habitude, j’essaye d’en profiter en allant camper loin des villes, mais cette année, une autre option s’offrait à moi : une navigation de nuit sur La Résolue. Je regarde mes disponibilités, propose à une amie, Camille, de se joindre à moi et on se fixe une date pour en profiter ensemble: celle du 5 août.
Les prévisions météo sont parfaites : ciel dégagé, température pas trop fraîche, quart de lune et du vent de Nord-est portant vers Houat. Tout semble idéal. On se rejoint, et filons au port pour y arriver vers 18h45. La prochaine écluse étant à 20h, on a le temps de bien tout préparer.
20h arrive, on se dirige vers l’écluse accompagné de 4 autres voiliers. L’écluse traîne un peu, et nous sortons vers 20h30 pour nous mettre au ponton, attendant la tombée de la nuit. On en profite pour ranger nos affaires, préparer le bateau à la navigation, manger et bien sûr papoter comme nous savons tant le faire.
Il est 22h30, le soleil se couche nous indiquant qu’il est temps pour nous d’y aller. Nous quittons donc le ponton, gentiment aidé par un voisin, et commençons à descendre la Vilaine. Le ciel est dégagé, la température est agréable et le vent est bien présent dans la direction annoncée et stable, tout est parfait, comme pour mieux nous leurrer. En sortie de chenal, force est de constater que le vent est plus fort qu’annoncé et surtout avec des rafales. Au vu de la topologie du terrain proche de nous, je soupçonne fortement un effet Venturi en être la cause. Je décide ainsi de commencer avec peu de voilures, le temps de s’éloigner des côtes et de passer de l’allure de près à portant. J’hisse l’Artimon et déroule le Génois en laissant 1 ris, et nous voilà partis à 5.5nd pour 16nd de vent avec des rafales à 19nd. Plus besoin de moteur, c’est le silence.
Au bout de 20 minutes, on est assez éloigné des côtes, le vent c’est stabilisé, et il est temps pour nous de changer de cap es de se mettre au portant. J’enlève le ris de Génois, et hisse la grand-voile. On fille maintenant à 6.5nd direction Houat, notre destination, la Lune nous indiqunant le chemin. Les étoiles sont également au rendez-vous, accompagnés de comètes, mais aussi de dizaines de satellites et avions polluant le ciel. Une heure passe ainsi à contempler les cieux, les températures chutant, il est temps pour nous de mieux nous couvrir: coupe-vent, écharpe et pull. Le vent lui aussi évolue et grossie, venant gentiment tester les limites de La Résolue. 18nd établis avec des rafales à 21nd, il est temps d’affaler la grand-voile par sécurité.
Autour de nous, c’est le noir total. On distingue quelques feux de phares, le blanc de l’écume formée par la course du bateau sur l’eau, le reflet de la Lune sur la mer, et surtout les étoiles, beaucoup d’étoiles. La vigilance est reine. À défaut de pouvoir voir les obstacles au delà de 4 metres sur notre trajet, je fais confiance aux instruments de navigation, cartes et GPS.
Houat ainsi que Hoëdic sont en vue, et 30 minutes plus tard nous arrivons entre les deux iles. Notre destination étant la plage de Beg Salus, au sud est de Houat, je fais le choix de passer entre celles-ci. C’est un endroit miné de dangers, mais assez bien balisé. Je suis déjà passé par là plusieurs fois, mais toujours de jour. Ça sera donc différent cette fois.
Je décide de prendre deux ris dans le Génois pour réduire la vitesse et assurer la maniabilité du bateau au milieu de tous ces cailloux. En effet, le vent est encore monté, et c’est maintenant un 20nd établie avec des rafales à 25nd qui nous poussent à une vitesse de 8nd. De plus, nous sommes a mis marrée descendante, soit au plus fort, créant un gros courant dans cette zone ainsi quune houle, ce qui fait que le bateau part au surf régulièrement. Il fait maintenant nuit noir, la Lune s’étant couchée quelque temps auparavant, limitant notre champ de vision à quelque mettre.
Les cardinales indiquant les dangers ne sont pas éclairées, on file à 8nd de surface, et 10nd par rapport au sol, je n’ai pas le droit à l’erreur. À l’aide de mon GPS et de sa carte, on se fraie un chemin à travers tous ces cailloux à une vitesse folle. À peine passé la cardinale sud, il est temps d’éviter le danger isolé puis c’est au tour des hauts-fonds et enfin des roches à fleurs d’eau du sud-est de Houat. Le mouillage est en vue. Je mets le moteur, nous calle face au vent et nous affalons les deux voiles restantes avant de faire route vers Beg Salus.
D’où en est, on peut compter une vingtaine de feux de mouillage, avec une concentration plus élevée sur la partie est. Étrange, car c’est à l’ouest que c’est le mieux protégé, a condition d’éviter l’épave qui s’y trouve. Je me dirige donc vers l’ouest du mouillage prêt à y jeter l’ancre.
Camille : Je vois des taches blanches, mais je n’arrive pas à savoir ce que c’est !
Maxime : Ne bouge pas, je vais chercher une lumière.
Je réduis la vitesse moteur au minimum, juste de quoi compenser le vent de face pour ne pas reculer, met le pilote pour garder le cap, et je file a l’intérieur chercher une frontale. Je l’allume au plus fort la confie à Camille, et là c’est la stupeur. Que ce soit à notre bâbord, tribord ou devant nous, il y a des bateaux partout à moins de 5 mètres ! Evidement aucun d’entre eux n’avait de feux de mouillage, à quoi bon. 5 mètres, c’est la distance que nous sépare du bateau droit devant nous. Bien que protégé par l’ile, le vent reste fort avec ces 18nd et est légèrement à notre tribord. La houle elle est absente. Je décide donc d’utiliser ce vent en plus du moteur pour nous sortir de de cette situation rapidement. À l’aide d’un petit coup de barre, le vent choppe la coque côté bâbord et nous fait dériver vers tribord, en même temps que le moteur nous pousse droit. On avance ainsi en crabe, évitant de cette façon le bateau devant nous, mais aussi ceux à notre tribord. Fiou, le moment de panique est passé. Finalement, que ce soit à l’est ou l’ouest le mouillage était remplis de bateau.
Camille continue d’éclairer les alentours à la recherche d’une place que l’on trouvera rapidement. Je regarde la hauteur d’eau affichée par le sondeur, ainsi que celle de la marée. Il nous faudra mettre a minima 25m de chaine pour ne pas bouger et assurer le coup. Je propose de ne jeter que 20m pour commencer, ce qui permet de vérifier que l’ancre soit bien accrochée, et qu’en cas de problèmes se soit plus rapide à relever que 30m. Une erreur de communication entre Camille et moi à pour effet que seul 10m de chaine sont mis à l’eau. Avec 6m d’eau et le vent actuelle, impossible que ça accroche et le bateau se met à dériver rapidement. On corrige l’erreur, l’ancre accroche le fond, le bateau se met naturelement dans l’axe du vent, on est bien éloigné des autres navires, on ajoute donc 10m de plus pour arriver à 30m de chaine. Je décide d’attendre 10 minutes de plus avant de couper le moteur au cas où, car vu la densité de bateaux au mouillage, il faut pouvoir réagir vite en cas de problème. 10 minutes plus tard, on n’avait toujours pas reculé, tout était aprioris bons. Ça y est, nous voila arrivés. Je mets en place la surveillance du point d’ancrage avec une distance de sécurité de 30m, on range correctement les voiles, sécurise la chaîne de mouillage, puis on peut enfin se poser après ces quelques instants mouvementés. Houat, nous voilà.
Il est 3h du matin, et il est temps pour nous d’aller nous coucher.
Houat
De par notre arrivée assez chaotique, un sommeil reposant a été assez compliqué à trouver pour moi. Craignant qu’un problème ne survienne, je me réveillais toutes les 1 à 2 heures pour vérifier que tout allait bien. Et c’était le cas : tout allait bien. Camille, quant’à elle, a pu dormir d’une seule traite, comme une souche. Tant mieux, car avec son mal de bras, ce n’était pas gagné. On a fini par se lever vers midi. Au programme de la journée, plage, baignade et marche sur les sentiers de l’île.
On prend un petit déj, effectuons un brin de toilette, préparons notre sac, gonflons l’annexe avant de la mettre à l’eau, et nous voila partis poser pied à terre.
On parcourt l’île, longeant sa côte sud, jonchée de petites criques et plages toutes plus belles les unes que les autres. L’eau à une couleur turquoise, le ciel est d’un bleu magnifique et le soleil est là lui aussi, peu être un peu trop même.
On parcourt ainsi l’île tout l’après midi, s’arrêtant pour se baigner, avant de continuer notre marche. Tout au long de la journée, on a pu observer divers animaux tel que des lézards vert et une multitude d’oiseaux marins ainsi que les effets de la sécheresse sur le paysage : tout est sec.
La fin de journée approchant, on retourne à notre embarcation, ramant vers La Résolue, toujours à sa place nous attendant. Une fois posés sur le pont, on observe 4 personnes faisant du wing-foil, ce qui fait monter en nous des envies d’en faire ainsi que du kite. Puis le soleil se couche et dans sa course laisse place aux étoiles. On reste ainsi plusieurs heures à regarder ce spectacle que la nature nous offre, cachés sous plaid et couverture, tout en refaisant le monde avant d’aller se coucher.
Le retour
Arrive notre dernier jour du weekend, et avec lui le fait de devoir rentrer. Malheureusement pour nous, entre ce qui était annoncé la veille, et les conditions réelles, il y a eu un gros changement. Le vent est pile dans notre axe pour rentrer, alors qu’il était annoncé de travers.
On sort du mouillage à la voile, appuyé du moteur «au cas où», puis nous entamons notre chemin du retour, de jour, ce qui permettait de voir cardinales, balises et cailloux.
C’est seulement là que Camille pris conscience de tous les obstacles évités lors de notre arrivée de nuit.
Malheureusement pour nous, entre le vent de face, et le courant entre les deux iles, les bords que l’on tirait à la voile depuis une heure ne nous on fait avancer que de quelque centaine de mètres.
Je décide donc de mettre le moteur pour nous sortir de ce goulot d’étranglement.
Je remets les voiles, mais rapidement le vent tombe complètement, nous obligeant de rester au moteur. Je déteste faire du moteur,
mais comme on a l’impératif des heures d’écluse, si on voulait l’avoir à temps, j’étais obligé.
Puis le vent revient, mais toujours dans la mauvaise direction. Je remet les voiles pour aider le moteur, ce qui nous fait gagner entre 0.5 et 0.8nd.
La journée passe ainsi sans encombre, mis à par une bonne risée qui a bien secouée le bateau.
On arrive dans l’embouchure de la Vilaine, passons l’écluse de 21h, s’amarrons à quai, effectuons un brin de ménage, plions bagage et nous voilà de retour dans le monde réel.
Comme à chaque fois, ce weekend fut un moment de déconnexion totale. Où le temps est à la fois étiré sur place, mais compressé une fois de retour, comme si ce n’était qu’une illusion. Si jamais vous avez l’occasion de partir faire du bateau, que ce soit pour quelques heures, la journée, le weekend ou une semaine, je n’ai qu’une chose à vous dire : foncez et profitez !
La vidéo
Le mot de Camille
Comme d’habitude, joie-bonheur ce week-end sur la Résolue. Première navigation de nuit pour ma part, sous un ciel magnifique, des étoiles filantes à ne plus pouvoir les compter. En pleine confiance avec le capitaine, j’ai profité du spectacle emmitouflée dans un plaid, pendant que Maxime nous faisait slalomer entre moultes caillous et autres dangers isolés.
On se souviendra de l’arrivée sur Houat “by night” et ses péripéties, morale de l’hsitoire: les loupiottes de nuit c’est pas pour faire joli, mais Max a géré ! Le week-end s’est poursuivi sous un grand soleil, papoteries infinies et paysages de folie: deconnexion complète !
Maxime aime partager sa passion pour la voile, je vous souhaite de pouvoir aussi savourer cette expérience en sa compagnie :) !