Samedi 13 Aout
Avec la sécheresse à rallonge, le manque d’eau se fait cruellement sentir et le niveau de la Vilaine baisse de jour en jour. Pour préserver cette ressource, les écluses ont été restreintes au strique minimum : il n’y a que des écluses de sécurité. Craignant de rester coincé du mauvais côté pour une durée indéterminée, je l’ai donc passée une journée plus tôt que prévu, soit le samedi. Dans le sens avalant, ça allait, nous n’étions qu’une petite vingtaine de bateaux à vouloir sortir. Dans l’autre sens par contre, c’était plutôt 50, dont certains attendaient depuis le mardi. À la VHF la tension était palpable, car tout le monde ne passera pas : insultes et les tentatives de forcing en broadcast sur le canal 11. Un vrai sketch et tout le monde pouvait en profiter !
Je sors de l’écluse, et constate qu’une ribambelle de bateaux attendent d’y rentrer dans le sens montant. Je me dirige vers le ponton en vue de m’y amarrer pour réaliser le bricolage qu’il me restait : lazy-jack d’artimon, prises de rie de la grand-voile, et un peu de meulage. Le problème, c’est que le ponton était complet. Je me suis donc mis à couple d’un bateau de taille similaire.
Par contre, demain, je pars à sept heur zéro zéro, je vous préviens !
Ça, c’est la première phrase que mon futur voisin m’a sortie. Ça donne envie !
Je regarde la marée, 7h, c’est vrai que c’est bien comme horaire.
Maxime : Je partirais en même temps que vous, donc aucun souci pour moi.
Je m’amarre, réalise l’entièreté du bricolage que j’avais prévue, prépare le bateau pour la navigation à venir, prend un repas, une douche, traîne un peu et me couche vers les 23h.
Dimache 14 Aout
Il est 6h du matin, le réveil sonne. Mes yeux peinent à s’ouvrir. Aller encore 10 minutes, et puis encore 10. 6h20, je finis par sortir du lit. Je jette un coup d’œil dehors, le temps est tout gris et les risques de pluie/orages s’avèrent vérifiés. Je me prépare un petit déj ainsi qu’un thermos de thé chaud pour la journée. Je fais un tour du pont en mangeant une pomme pour vérifier que tout était bon et que je n’avais rien oublié. Tout étant ok, je me prépare à mon tour en mode oignon : t-shirt, pantalon, polaire, salopette, veste de quart, écharpe et chapeau. Aujourd’hui, il va faire frais !
6h55, je quitte le ponton avec la marée descendante. Rapidement, j’envoie le Génois. Il y a peu de vent, mais si je peux sortir à la voile plutôt qu’au moteur, je prends. J’ajoute l’artimon et la grand-voile suivra quelques minutes plus tard. Il est 7h10, le voisin n’est toujours pas parti du ponton, ce qui me fait doucement rire.
Au bout de 30 minutes, je finis par sortir de la Vilaine, mais le vent qui jusque-là était stable à 6nd tombe subitement à 0nd.
Je me dis que ça va passer, et puis de toute façon le courant me pousse dans le bon sens. 5 minutes passent, puis 10, puis 20. Bon j’en ai marre, j’allume le moteur ! Je n’ai même pas le temps de faire 100 mettre que le vent revient brutalement à 10nd. Ha bah voilà, là au moins, on avance ! Je coupe le moteur.
Puis c’est au tour de la pluie de se joindre à la météo. Je navigue ainsi à peu près 2h, sous une pluie et un vent stable. Puis le yo-yo de la météo commence. Le vent tombe la pluie prend de plus belle. 15 minutes après, c’est l’inverse, du vent, mais qui change de direction et plus de pluie.
Toute la journée, ça continuera ainsi à jongler entre vent, pas de vent, pluie, pas de pluie, et tirer des bords.
Finalement, j’arrive à l’embouchure du golfe du Morbihan avec le courant (impossible d’y rentrer sinon). Ne connaissant pas la navigation à l’intérieur, bien que le vent soit de travers, je préfère affaler les voiles et faire la navigation au moteur pour avoir le moins de choses à gérer en cas de problèmes.
J’entre dans le golf et sens La Résolue accélèrer. Je regarde le speedo, toujours 5nd de surface. Je regarde ma vitesse GPS, 10.5nd. J’ai donc 5.5nd de courant qui me pousse, et je suis à létale ! Devant moi, je vois quantité de remous étranges mais impossible à éviter au vu de ma position et des autres bateaux alentour. Et hop, un petit virage gratuit, puis un autre ! C’est donc ça les fameux tourbillons qui envoient balader les bateaux. Je le saurai pour la prochaine fois.
Je continue à avancer dans le golf en direction de l’île aux moines, ma destination. J’y arrive sans trop de difficulté, le balisage étant bien fait.
Je me mets à chercher le mouillage que j’avais repéré sur la carte et fini par le trouver, mais … il y a beaucoup plus de courant que ce que je pensais. J’essaye quand même. Je balance l’ancre à l’eau et 5m, 10m, 20m, 35m de chaîne. Ça tient, mais je ne suis pas rassuré du tout. Moi qui pensais pouvoir laisser le bateau pour aller visiter l’île, dans ces conditions jamais je le fais, et c’est sans parler de la nuit de stress à venir.
Je range le pont et tous les bouts qui traînent de partout. D’après les coordonnées GPS je n’ai pas bougé, mais ça n’empêche pas que je ne reste pas rassuré. Je descends dans le carré et regarde les ports à proximité. Par chance, celui de l’île au moine appartient à la même compagnie que celui d’Arzal. Je peux donc y passer 2 nuits sans rien avoir à débourser. Ni une ni deux, je chope ma VHF, canal 9 et contacte la capitainerie pour savoir s’il y aurait une place pour moi. Ayant reçu une réponse positive, je me réactive, remets toutes les amarres, allume le moteur, remonte l’ancre et fille au port à 500m de là. Les places sont limitées et je serais donc de nouveau à couple la nuit. Je suis aidé par d’autres plaisanciers et une personne du port pour m’amarrer, car avec le courant, ce n’était pas forcément évident seul sans risquer que taper un autre bateau. Tout se passe bien et me voilà bien rassuré. Ce soir, je vais pouvoir dormir !
Lundi 14 Aout
Après avoir passé une nuit de sommeil bien méritée, je prépare mon débarquement sur l’île. Je gonfle l’annexe et la mets à l’eau, je fais mon sac, prépare le vélo, et c’est parti ! En fait non, je me fais arrêter net dans mon élan par mon voisin, avec qui je suis à couple, car il souhaite partir dans la journée. Après discussion avec une personne du port, je bouge La Résolue à une place nouvellement libérée de l’autre côté du ponton. Accès direct au ponton, plus de fond, ça me va parfaitement !
Une fois la manœuvre terminée et les amarres vérifiées, je me remets à mon programme : aller sur l’île. Je charge donc mon sac et le vélo dans mon annexe, et c’est parti ! En deux temps trois mouvements, je suis au quai réservé aux annexes, la sécurise, déplie mon vélo et me voilà prêt à visiter cette île.
Je monte sur mon vélo, et me voilà parti pédaler sans avoir un vrai itinéraire, me laissant guider par les panneaux et mes envies. Le premier site notable que je croise est les menhirs à Cromlech de Kergonan.
Je reprends ma route, et arrive au Dolmen de Kerno où je me pose quelques instants pour me rafraîchir.
Je continue ainsi à me balader sur l’île allant de plages en lieux historiques en passant par des sentiers.
Je m’attarde à regarder les bateaux d’une régate de voile légère qui se déroule juste au bord du sentier. Je vois les bateaux se faire arrêter net par le courant et lutter pour continuer à avancer. À côté de moi, une autre personne, Daphné, regarde le même spectacle ce qui nous amène à en discuter. Rapidement, on se rend compte que le contact passe bien et que l’on à le même programme. D’une envie mutuelle et d’un commun accord, on choisi de passer un bout de la journée ensemble à parcourir l’île à vélo.
On visite différentes plages et les pointes aux vues splendides, observons bon nombre de fontaines et s’arrêtant pour déguster des mûres.
La journée continua ainsi entre observations, coups de pédales et discutions. Il y a vraiment beaucoup de choses à voir sur cette île, et pour pouvoir profiter de tout, se promener à vélo est vraiment un atout.
Finalement, la journée touche à sa fin, Daphné prend la vedette pour traverser, tandis que moi, je retourne à La Résolue en annexe. Une agréable journée de passée avec une chouette rencontre.